Voyage Partie 2

Publié le par dcc-koumique-de-situation.over-blog.com

En mode passage de frontière de roots

 

Nous choppons un zem à la volée à Grand Popo afin qu'il nous mène à la frontière Bénin-Togo d'Aného. On est déposé, on s'arrête 10 petites minutes histoire de remplir nos passeports de quelques coups de tampons puis nous attrapons un zem togolais. Nous arrivons à l'Oasis, un hôtel échoué entre eau salée et eau douce. Histoire de vérifier que l'océan ne change pas d'un pays à l'autre, nous nous promenons sur la plage et nous nous asseyons sur un maquis de bord de mer. Je commande une bière que je vois sur toutes les tables, je lutte considérablement pour la boire. Son amertume me pousse à abreuver le sable avec l'équivalent d'un verre.

 

 

En mode adolescence dorée

 

Entassés à 7 dans une golf, nous allons sur les rives du lac Togo pour prendre nos quartiers à l'auberge du lac complètement déserte. Après l'arrivée de quelques gouttes de pluie, on se réfugie sous l'apatame du bar pour nous restaurer. Un son sourd résonne lourdement. L'averse que nous observons, bien abrités en attendant notre commande, nous fait tout d'abord penser au tonnerre qui gronde. Cependant, nous constatons très rapidement que ce sont les moteurs vrombissants des bolides de la jeunesse dorée de Lomé. Un à un les 4X4 déversent leurs flots impressionnant de fils et filles à papa tout de blancs vêtus. I-pod, Blackberry, grosse sono, casquettes de baseball, jeans taille basse, chaîne en or et argent, cheveux teintés... A noter aussi un type en minishort jean pensant avoir trop la classe. Nous avalons rapidement notre poulet-frites d'autoroute avant que le brouhaha s'amplifie grâce aux enceintes démesurées déployées aux quatre coins de la minuscule piste de danse improvisée. Coincés par la pluie, nous restons cloîtrés dans notre chambre et entamons une après-midi de mercredi pluvieux. Jeux de cartes, mini-bac et lectures entrecoupés d'un magnifique repas : biscuits tartinés de Nutella et lait.

 

 

En mode vaudou

 

Après une bonne nuit de sommeil (21h-9h quand même), on galère un peu pour trouver un zem afin d'aller nous installer sur la terrasse de l'hôtel le plus luxueux du coin. Lors d'une visite de Togoville, Jean-Paul II y avait établi ses quartiers. On se prend un bon petit déjeuner papale à base de croissant, tartines, fruits... Nous négocions ensuite une pirogue pour traverser le lac et nous rendre à Togoville. Nous naviguons donc sur le lac où est apparue la Vierge Marie. Etant donné les vagues et les nombreux remous, j'ai failli faire apparaître la gerbe de vomi. Nous accostons et des jeunes accourent pour nous porter jusqu'à la rive sans nous demander notre avis. Alors que je constate que mes vêtements sont tous à moitié trempés, je me demande si Jean-Paul II a lui aussi été porté.

Togoville est à l'origine de la culture vaudou, on découvre donc de nombreux fétiches et divinités. La ville ressemble plus à un village mais est plutôt bien entretenue grâce aux nombreuses aides apportées par les allemands. Le Togo ayant été une colonie allemande, de forts liens existent encore entre les deux pays.

 

 

En mode « euh excusez moi monsieur mais il faut pas faire caca sur la plage... »

 

Dans l'après-midi, nous nous rendons à Lomé en passant par son port industriel. Dans la capitale, nous logeons dans un hôtel non loin de la mer. Nous effectuons donc plusieurs promenades sur la plage et nous constatons à chaque ballade que les togolais ont pris pour habitude de creuser un petit trou dans le sable pour se décharger. Ne vous inquiétez pas, ils font ça proprement, ils prennent le soin de recouvrir le résultat de leur quart d'heure de plaisir. Plus tard, en ville, nous passons devant un mur où est peint un avertissement : « interdit de pisser et chier sous peine d'amende ». J'hésite à ajouter : « allez plutôt sur la plage ».

 

 

En mode la malédiction du zem Part.1

 

Nous prenons deux zems pour nous rendre au Greenfield, resto-ciné en plein air.

 

Le zem d'Amandine :

18h30 : départ

19h00 : arrivée

19h15 : le stress commence à monter

19h22 : ils sont quand même trop bien les souvenirs que j'ai achetés

19h30 : pourquoi on n’a pas encore acheté de puce téléphonique ?

19h34 : bordel qu'est ce qu'il fout la séance va commencer...

19h40 : remarque je m'en fous j'ai tout l'argent sur moi

19h45 : ah enfin le boulet est là !

 

Le zem de Matthieu :

18h30 : départ

19h00 : euh dites, ils suivent pas, on les attend peut-être

19h15 : embouteillages dans la périphérie de Lomé

19h22 : c'est loin quand même

19h30 : excusez-moi mais je pense que le Greenfield, restaurant prisé par les expats pour ses films et ses pizzas, ne se trouve pas à côté de l'hôpital universitaire lui-même au milieu de cette sombre forêt

19h34 : ah ben c'est sûrement mort pour le ciné, au moins il y aura de la pizza.

19h40 : en tout cas, je peux pas me faire agresser, j'ai pas d'argent. Par contre, Amandine elle va morfler.

19h45 : c'est ici, arrêtez vous !

 

 

En mode réconfort

 

Heureusement, nous découvrons un cadre agréable et aéré. Une dizaine de tables sont éparpillées, les chaises toutes orientées en direction d'un grand mur blanc faisant office de toile. L'espace est teinté de couleurs rouge, vert et bleu qui ressortent à travers des lustres de bouteilles en plastique finement découpées. De jeunes serveurs togolais circulent à travers les tables pour répondre à la demande des jeunes expatriés. Alors que le film commence (Sans identités), deux magnifiques pizzas « tout schuss » et « 6 fromages » (mon record) arrivent accompagnées d'un cocktail fruité et d'une véritable Leffe brune. J'étais au bord de l'extase.

 

 

En mode Indiana Jones

 

Le lendemain départ à 14h en taxi-brousse bondé en direction de Kpalimé. Le voyage est agréable à côté d'une petite togolaise joueuse, le paysage fait défiler des montagnes plus touffues les unes que les autres, à chaque arrêt nous nous voyons proposer des brochettes d'escargots. Nous arrivons donc à Kpalimé, ville nichée au sein de la montagne. Nous pouvons dormir en paix, notre quiétude est cependant dérangée à 5h par le cri de guerre d'une équipe de football ghanéenne. Pour continuer sur notre lancée, l'absence d'eau nous oblige à nous laver au seau. Contents de constater que notre guide, Thierry, est à l'heure ; notre morale remonte au fur et à mesure que nous gravissons la route escarpée. Nos trois zems se frayent un chemin au milieu de la forêt luxuriante et nous font déboucher sur le pittoresque village de Kuma-Koundi. Munis de nos machettes, nous nous enfonçons dans la jungle à la rencontre des cacaotiers, caféiers et poivriers. Nous dégustons un pamplemousse cueilli par nos soins, je demande au guide si nous aurons à faire à une faune hostile. Il m'explique qu'il y a des serpents, des araignées, des scorpions... Ma blessure se réveille. Je l'informe que j'ai déjà été attaqué par ce genre de reptiles. Il me dit qu'ici c'est les petits jaune-marron les plus dangereux. Ouais ouais je sais ce que c'est, vous inquiétez pas ils m'auront pas deux fois... Après quelques heures, Thierry décide de nous donner un peu de couleurs en nous révélant les secrets des pigments naturels. Une feuille d'arbre verte frottée se transforme en un rouge sang, une autre en un bleu indigo et des graines écrasées laissent s'échapper un orange néerlandais. En parallèle de ces belles découvertes, nous pouvons admirer quelques papillons. Nous nous arrêtons auprès d'une cascade pour manger et on crée du maquillage en frottant quelques cailloux. Nous terminons notre randonnée par la difficile ascension du mont Kloto (705 mètres) qui nous offre un panorama grandiose.

Retour en roue libre sur la sinueuse route qui mène à Kpalimé. 14 juillet oblige, nous mangeons gésiers, escargots, flageolets...

Le lendemain, nous partons en début d'après-midi découvrir les cascades sous un merveilleux soleil qui nous abandonnera assez vite. Après seulement quelques mètres, les premières gouttes arrivent et nous décidons de nous abriter sous un arbre. Notre refuge ne résistera pas longtemps au déluge se déversant sur nous quelques minutes plus tard. Trempés jusqu'à l'os, nous partîmes à la conquête d'un nouvel abri. Franchissant à grandes enjambées le torrent nouvellement formé, nous découvrons une maison abandonnée servant de repère aux contrebandiers de mangues. Nous désirons nous asseoir pour nous reposer, je fonce donc dans la jungle pour couper une feuille de bananier qui a pour particularité d'être très étanche. Je la pose par terre et nous voilà assis sur notre banc de fortune. La pluie se calmant, nous décidons de découvrir la première cascade. En route pour la seconde, nous abandonnons à mi-chemin. Alors que nous souhaitions sécher en zem, nous nous faisons fouetter par la pluie qui continuait de tomber sur Kpalimé. Nous passerons la soirée à tenter de nous réchauffer autour d'une assiette de spaghettis à la saucisse.

 

à suivre...

Publié dans Vie au Burkina

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
&
<br /> T'inquiète en France il pleut aussi et tu ne seras pas trop dépaysé c'est de plus en plus de grosses pluies type mousson.<br /> A te lire<br /> <br /> <br />
Répondre
J
<br /> Eh bien le N°2 tient ses promesses, on attend la suite avec une certaine impatience. Quand je dis que tu n'auras pas assez des quelques jours d'escale en Franche-Comté pour nous faire partager tout<br /> ça, je ne plaisante pas.<br /> <br /> <br />
Répondre