13 coopérants et 2 cobayes

Publié le par dcc-koumique-de-situation.over-blog.com

Non!!!! il a mangé 2 cobayes ???

Je vous vois venir, restez calme. Le titre reste juste une accroche pour attirer un lecteur occasionnel à venir consulter mon blog et ainsi me constituer une audience réelle beaucoup plus en accord avec les scores visés. 

Non!!!! fait chier, il va encore écrire un article de sérieux...

Bon ça suffit maintenant ! C'est juste l'histoire du meilleur weekend que j'ai passé au Burkina pour le moment.

Tout commence le jeudi. Moi, jeune coopérant DCC au physique avantageux, je me connecte à Internet après ma première séance de sport de l'année. Inutile de vous préciser que cela n'a été qu'une formalité pour moi d'enchainer passements de jambes, accélérations et reprises de volées pendant 2 heures. Après une demi-heure, le serveur m'accorde enfin un droit de regard sur ses mails. Rien d'intéressant, que des spams : « 3 Suisses : découvrez notre nouvelle gamme de moufles », « Kevin Balnav : des nouvelles », ... Ah ! Mon regard s'arrête net sur un message d'Arnaud. Qui est cet homme ? Arnaud est un coopérant DCC, marié à Flavie. Ils ont décidé de rejoindre le collège-lycée pour jeunes filles de Banfora afin d'y enseigner la physique et l'histoire-géographie. Je vais les gratifier du titre de « volontaires préférés de Matthieu Schiffmann ». Dans ce message, on m'annonce que le long weekend de la Toussaint sera consacré à un rendez-vous de coopérants à Banfora, une dizaine de volontaires seront présents et « ce serait vraiment nul » si je n'étais pas présent. Un appel téléphonique est fixé d'ici la fin de semaine.

Samedi midi, j'ai fini ma semaine certes mais je n'ai reçu aucun appel ! Je ne sais pas si le weekend aura bien lieu, je ne connais pas le lieu de rendez-vous et je n'ai toujours pas de téléphone portable pour contacter qui que ce soit. Que faire... Allez c'est parti, je tente le coup. De toute manière, il n'y a rien à perdre et puis ça peut être marrant un weekend à l'arrache sur les routes burkinabés.

 

Le temps de convaincre un professeur de me déposer à Bobo et je me retrouve devant la station de la compagnie TCV pour prendre le bus de 15h30 pour Banfora. « Le bus grnnch est plein, grnnch vous pouvez attendre grnnch celui de 18h », m'articule entre deux bouchées d'arachide une vieille employée au physique désavantageux qui ferait bien d'aller enchainer passements de jambes, accélérations et reprises de volées pendant 2 heures. C'est pas grave, je tente la compagnie Rakieta. « Bus plein également grnnch ».

Sans trop comprendre comment, je me retrouve devant la compagnie « La Grâce ». Le véhicule est une sorte de mini camionnette utilitaire. Il est prêt à démarrer, le chauffeur fait l'appel. Mon ticket en main, j'attends mon tour. Une fois la prononciation de mon nom expliquée au chauffeur, je suis autorisé à entrer tête baissée dans un modèle de co-voiturage. Une fois assis, je peut compter 24 personnes assises, 2 debout sur le rebord de la portière ouverte. Quelques kilomètres après Bobo, le « bus » fait de la place pour 3 personnes supplémentaires. La portière est fermée, les 2 debout montent sur le toit et c'est parti pour Banfora. En une heure et demi de route, quelques trous m'ont rappelé qu'un pneu a vite fait de chauffer lorsqu'il frotte sur la carlingue.

Arrivé à Banfora, il faut maintenant trouver ce fameux collège-lycée pour jeunes filles. Je demande à la première personne que je croise. Après un intense moment de réflexion, mon GPS ambulant renonce à m'indiquer la route et me fait monter dans sa voiture. Avec la Compagnie Créole en fond sonore, nous traversons quelques rues et nous voici devant l'établissement. J'avais espéré une vague indication en échange d'une petite pièce, j'ai eu un taxi express gratuit.

Une fois dans l'enceinte, je me trouve en face de la fête du collège. Toutes les filles montent sur scène pour réaliser leur chorégraphie sur Shakira, Rihanna ou 50 Cent. Il n'y a pas photo, elles ont le rythme. Ça gesticule dans tous les sens et le public ne s'y trompe pas en criant au moindre mouvement de bassin.

Cécile, coopérante à Ouagadougou et originaire de Pirey (personne n'est parfait), m'a repéré au loin et nous discutons pendant le spectacle. Nous constatons assez rapidement que nous sommes dans des conditions totalement opposées. Elle habite en ville, sort quelques fois le soir, doit se faire à manger elle-même, payer sa vie courante et est la première volontaire de ce poste. Je suis à la campagne, le couvre-feu est à 22h, on me fait à manger, je ne paie rien et je prends la succession d'un volontaire.

Nous sommes rejoints à la fin du spectacle par le reste des coopérants, je découvre les anciens présents depuis 1 ou 2 ans et je retrouve les nouveaux que j'avais rencontrés au stage de préparation. Flavie me dit qu'elle m'a vu au loin et que c'était comme un mix du prophète et de 50 Cent. Note à moi-même : blanc + casquette NYC à éviter. « Ahaha ouais trop et pis moi j'te reconnaissais pas avec ton énorme barbe, c'est quoi ça ! » Eh oh ça va maintenant !

Toute la bande se dirige vers le restaurant Mac Donald pour engloutir une énorme brochette de zébu.

 

Le dimanche direction les cascades. Banfora est une petite ville touristique et on trouve aux alentours quelques endroits sympas à visiter. Il y a déjà un passage rapide aux Dômes, des sortes de petites montagnes un peu bizarres. Ensuite, nous marchons pendant une heure en direction des cascades. Nous marchons sous une lourde chaleur et chose assez originale sur des tuyaux. Des gros tuyaux en fer. Voilà, j'avais jamais marché aussi longtemps sur des gros tuyaux, je tenais à partager cela avec vous. Arrivés au sommet des cascades on peut apprécier la vue et surtout on fait rapidement demi-tour en direction d'un lieu un plus sécurisé pour se baigner. C'était plutôt agréable de se trouver assis dans l'eau juste sous une mini cascade après avoir marché une heure.

Ensuite nous sommes rentrés à Banfora, nous avons acheté une bouteille de rhum et quelques bières pour passer la soirée ensemble à discuter. J'ai pu peaufiner une petite recette de mélange : bissap – rhum – citron.

Le lendemain tout le monde rentre sur son lieu de travail. Pas tout le monde en fait. Une coopérante de Toussiana a deux amies à elle qui sont venues visiter le Bukina Faso et comme tout le monde le sait : « Quitter le Burkina Faso sans avoir vu Koumi, c'est comme quitter Erasmus sans avoir bu ». Je contactes donc le Séminaire pour demander si on peut accueillir 2 françaises, tout évitant bien sûr de passer pour le type qui ramène deux femmes après un weekend mouvementé. L'autorisation a été accordée, c'est officiel : Elise, Sandy vous serez mes cobayes. Dernière étape avant de quitter Banfora, Arnaud se découvre un nouvel avenir professionnel en me rasant la tête.

Le trajet en bus s'est effectué avec TCV cette fois-ci, j'étais avec deux touristes quand même !

Le repas du lundi soir se prend toujours professeurs-élèves mélangés. Alors il faut imaginer, 95 personnes mangeant dans la même pièce et parlant très fort (remarque un peu raciste mais c'est vrai, ils parlent forts!) Le recteur se lève et demande aux deux nouvelles arrivées de se présenter. Vous l'aurez compris, futurs visiteurs, préparez votre discours ! Après une première tentative de présentation manquée, je m'attèle à détendre l'atmosphère. Raté,  les séminaristes n'ont rien compris, ils sont persuadés qu'elles sont mes sœurs ou des amies de longue date. Quand aux cobayes, elles revivent les souvenirs enfouis de bizutages subis. A part cette petite difficulté, le résultat de l'expérience reste positif. Elles ont eu une chambre chacune, les repas offerts et les mobylettes prêtées sans avoir rien à payer. Bon elles ont payé juste la visite du village comme tous les touristes.

C'est bon, je vous lance maintenant une invitation officielle à venir me visiter !

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B
<br /> OK, je viendrai squatter en décembre de l'année prochaine pour le festi de conte Yeleen (dernière semaine du mois de décembre cette année alors profite z'en !) à Bobo. Cool tes petites nouvelles !<br /> <br /> <br />
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J
<br /> Salut Matthieu,<br /> Nous sommes toujours contents d’avoir de tes nouvelles et surtout de savoir que tu te fais de nouveaux amis(es) même s’l s’agit de cobayes. Pour nous venir te voir sera difficile mais ce n’est pas<br /> l’envie qui nous manque. Seul souci manger du chien car nous aurions du mal à avaler compte tenu de nos rapports avec notre Snoppy (et itou Maggy même si cette brave bête n’est plus là).<br /> Nous nous apercevons que petit à petit tu fais ton nid et c’est tant mieux. Nous espérons que tu auras souvent l’occasion de rencontrer d’autre coopérants çà doit être bon pour le moral.<br /> Tu dois être mignon avec la barbe et le crâne rasé. C’est dommage que tu ne puisses nous envoyer de photos, il y aurait peut être matière à rigoler.<br /> Continue et bisous de nous 2.<br /> <br /> <br />
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C
<br /> Ton écriture nous permet de vivre avec toi tes nombreuses péripéties ! Bravo ! C'est un peu comme si on était à tes cotés... Certes, sans pour autant bénéficier des repas gratuits, ni des scooters<br /> à disposition, ni même ta présence chaleureuse qui commence a sévèrement me faire défaut.<br /> <br /> Mon ami, mon frangin, prends soin de toi :) et continue de nous faire voyager, tu le fais si bien !<br /> <br /> <br />
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