Vacances au Mali Part.1

Publié le par dcc-koumique-de-situation.over-blog.com

26 décembre, 5h00. Après s’être bien reposé d’une soirée de Noël bien mouvementée (saouler des futurs prêtres et faire danser les religieuses ça fatigue), je me dirige péniblement vers l’autobus du séminaire. Aujourd’hui c’est le début des congés, 80 séminaristes sont impatients de rejoindre parents et amis pour se reposer après un premier trimestre harassant. Pour ma part, j’ai choisi d’aller découvrir un pays voisin : le Mali. Mon voyage sera divisé en deux parties, une semaine à Bamako et l’autre dans le Sud-Mali.

Pour le début je suis accompagné d’Amandine, coopérante à Banfora depuis 1 an et demi, et de Florent, séminariste malien en 4ème année.

 

Déposés à Bobo Dioulasso, nous prenons un car à 6h qui prend la direction de Bamako. Quelques heures plus tard, nous voici à la frontière du Burkina, tout le monde descend avec ses papiers. En file indienne, nous passons devant un policier qui inspecte nos papiers un par un. Ensuite, nous marchons un peu pour rejoindre le bus qui atteint l’autre côté de la barrière. Après 1 minute de trajet, tout le monde descend. Il faut passer la douane burkinabé. Le bus franchi la barrière, nous remontons à l’intérieur. 3 minutes de trajet, tout le monde descend. Nous sommes à la frontière malienne, n’ayant pas encore pris de visa, Amandine et moi sommes pris à l’écart par un douanier qui nous propose de le suivre dans son bureau. 2 pneus soutiennent une planche de bois, un banc et une chaise en plastique sont disposés de part et d’autres. A l’ombre du manguier, le policier fait chauffer son thé et nous invite à compléter un petit formulaire et à nous affranchir de 15 000 FCFA pour le visa. Nous rejoignons le reste du car qui prend visiblement beaucoup plus de temps que nous. Nous remontons tous dans le véhicule, 1 minute de trajet et tout le monde descend ! La douane malienne demande à chacun de sortir son sac et fait l’inspection de chaque sac. Enfin à quelques exceptions près, les braves blancs que nous sommes peuvent aller se rasseoir. Nous repartons enfin pour de bon, après une bonne heure et demie passée dans ce no man’s land. La route jusqu’à Bamako va être longue, le bus non climatisé est plein à craquer. Nous arrivons à notre destination finale à la nuit tombée. La ville nous renvoie l’image d’un pays bien plus développé que le Burkina. Les rues sont propres, goudronnées et éclairées.

 

A la descente du car, nous prenons un taxi en direction de Samaya, le lieu d’habitation de la famille à Florent qui nous accueillera tout au long de notre séjour. Après 30-40 minutes de trajet, nous arrivons à Samaya mais le taxi ne s’arrête pas. Nous nous enfonçons dans la brousse sur des petits chemins, au beau milieu des arbres, le taxi se stoppe. Les phares éclairent faiblement une petite maison en terre. A notre descente, quelques enfants viennent porter nos gros sacs. Nous sommes présentés à la famille. Par avance désolé, je ne me rappelle pas de tous les prénoms. Il y a la chef de famille, la mère de Florent (environ 70 ans) qui habite la petite maison avec Thérèse (environ 15 ans) qui l’aide dans la tenue de la maison. Le grand frère qui habite une maison en dur à quelques mètres, nous présente sa femme et ses enfants. Nous avons un collégien, une collégienne (Odile), la petite Félicitée et le petit Bouba (environ 5-6 ans les 2) et Gérard ferme la marche en essayant de tenir debout. Vas-y Gégé on y croit. Ensuite, nous découvrons la femme du deuxième frère de Florent, Germaine, et sa fille Monique bien endormie sur son dos. Ses deux dernières vivent ici alors que le papa travaille et vit à Bamako. Nous ne trainons pas trop et nous dirigeons vers une petite maison située à l’écart des autres qui sera notre lieu de résidence.

Message publicitaire : vous voulez passer un agréable moment dans la campagne environnante de Bamako ? Nous vous proposons une magnifique maison d’hôte. Une chambre sans fenêtres, mais avec des trous dans le mur, vous permettra de vous reposer paisiblement. Si la nuit tombée vous vous sentez seul, un rat peut venir grignoter votre brosse à dent et autres objets que vous aurez disposés sur le sol à côté de votre matelas qui constitue l’unique meuble de la pièce. Un trou entouré de quatre murs d’1m30 de haut avec le ciel comme unique toit à l’extérieur de votre chambre feront office de toilettes. Ces dernières se transformeront en magnifique douche lorsque vous apporterez votre seau d’eau.

Venez découvrir ce lieu fonctionnel et tout confort…

 

Après une bonne nuit, nous avalons un reste de tô ainsi que de la bouillie de riz en guise de petit déjeuner. Nous marchons ensuite en direction de la route pour essayer d’attraper un moyen de transport. Bamako est bien mieux loti de ce point de vue que les grandes villes burkinabé. En effet, un nombre impressionnant de minibus vert circulent sans cesse entre Bamako et les banlieues environnantes : les SOMATRA.  Le fonctionnement est simple, il y a un conducteur et un apprenti. Ce dernier reste à l’arrière avec les passagers et essaye de remplir au maximum le véhicule en sifflant n’importe quel voyageur potentiel. Record durant notre séjour : 20 passagers sans compter les bébés sur les genoux des mamans. On est un peu serré mais cela a son charme.

 

Au cours de ma semaine dans la ville au Trois Caïmans, j’ai pu visiter le musée national avec ses expositions de sculptures Dogon ou Sénoufo, de basins ainsi que de musiques maliennes. Le musée est au milieu d’un grand parc à l’européenne, grande étendue verte bien aménagée. J’ai également pu me promener au bord et sur le grand fleuve Niger. La petite balade en pirogue nous a permis de voir les pêcheurs et surtout les pirogues chargées de sable. Certaines personnes plongent au fond du fleuve avec un seau et remontent du sable qu’ils vendront plus tard sur les rives. Nous nous sommes également rendus au centre artisanal pour faire quelques achats. Lors de nos balades au centre de Bamako, les gens me taquinent en m’appelant l’arabe ou me saluent avec un « as salam alikoum » à cause de ma barbe. Comme dirait le rappeur Médine : « Si l’habit ne fait pas le moine, elle ne fera pas l’Imam », je me retiens de leur chanter sa chanson. En déambulant nous passons devant un bâtiment ultra sécurisé, barbelés, caméras, militaires… Moi : Ah, la prison ! Florent : Non, l’Ambassade de France. C’est beau la France, une véritable terre d’accueil !

 

Bamako nous paraît beaucoup plus agréable à vivre qu’Ouagadougou ou Bobo. Il y a de nombreux monuments, les rues sont propres et quelques beaux bâtiments sont éparpillés dans la ville. Bon la plupart ont été construit par Kadhafi, mais quand même… Un autre petit bémol, il y a beaucoup moins de maquis et la bière coûte chère. Habitués par l’orthographe hésitant des enseignes burkinabé, nous sommes agréablement surpris de constater que nous n’avons vu quasiment aucunes fautes durant notre séjour. Un dernier signe de développement, c’est la première fois que je vois des jeunes jouer à la Playstation en Afrique.

 

Au bout de quelques jours, nous décidons avec Amandine de faire à manger pour toute la famille avec pour objectif de les remercier mais surtout de reposer les femmes. Après être passés chez le couturier qui a pris mes mesures pour me tailler des boubous, nous allons faire nos courses sur le marché. Nous avons décidé comme menu : salade composée, aloko (banane plantain), brochettes et pastèque. Nous prévoyons pour 15 personnes environ, au bout de 10 minutes je me retrouve avec un énorme sac rempli de bananes, salades, tomates et autres produits. En croisant les gens, je remarque quelques sourires devant le fait qu’un homme porte les courses alors qu’il est accompagné d’une femme. Une fois rentrés à la maison, les deux femmes que nous avions prévenues préalablement sont éclatées de rire. Germaine qui ne peut s’empêcher de rigoler va nous chercher de l’eau au puits et nous trouve des seaux ou autres plats pouvant servir de récipients. L’autre femme nous allume deux feux pour les cuissons. Le grand frère constatant que nous n’avons pas trouvé de brochettes décide de nous offrir une de ses pintades. Euh comment dire ? Va falloir l’égorger, la plumer et la vider ? Devant notre air ahuri, Matthieu, jeune frère à Florent qui a passé 1 an au Maroc en tant qu’apprenti cuisinier nous vient en aide. Il prend les choses en main en préparant la viande et en nous aidant pour les autres plats. Germaine manque de s’étouffer en rigolant et commence à le chambrer en l’applaudissant. Comme quoi les hommes maliens savent aussi faire à manger. Ils sont balaises ces Matthieu…

Après une bonne heure et demie de préparation, nous pouvons passer à table. Florent nous dit d’apporter la nourriture aux femmes et enfants et de revenir manger avec les hommes. On refuse catégoriquement et voilà la famille réunie au grand complet chez la maman ravie.

 

Les plats sont par terre, à vos marques, prêts, partez ! En moins d’un quart d’heure, les plats sont vidés. Bouba se charge de lécher les moindres recoins des plats. Nous disons à la famille grâce à Florent le traducteur que nous avons préparé ce repas pour les remercier et pour reposer les femmes. Le grand frère nous répond en nous remerciant et en nous disant qu’ils prennent actes de nos conseils pour le repos de leurs femmes. Et voilà, les droits de la femme sont sauvés au Mali, ils sont forts ses coopérants ! Pour finir nous offrons à la maman un basin ainsi qu’un peu d’argent pour qu’elle aille se faire tailler une robe. Elle regarde le basin avec un grand sourire alors que les autres femmes se précipitent pour toucher et complimenter la maman sur la beauté du basin. Hiiiii, il est super sympa ton petit basin !!!

Toutes les mêmes, les femmes…

 

Le 31 à l’aube, Florent emmène Amandine à la gare routière car elle rentre à Banfora. Me voilà seul avec ma bouillie en attendant le retour du séminariste. Je m’étends sur ma chaise. Félicitée, si craintive d’habitude, s’approche de moi. Je la complimente sur sa jolie robe traditionnelle. Avec un petit sourire, elle me tend les bras. C’est parti pour un câlin d’une heure. Le papa vient discuter avec moi pendant ce temps et me raconte avec son faible français qu’il aurait aimé voyager comme moi. Seulement sa maman en avait décidé autrement, seul Florent devait pouvoir voyager. En tant que grand frère il a dû se trouver une femme et fonder un foyer. Un peu amer, il m’avoue tout de même qu’il est content car il a de beaux enfants.

 

Le réveillon est arrivé, nous marchons depuis 45 minutes avec Florent. Il veut m’emmener dans un maquis pour fêter, nous entrons. Y’a quelqu’un ? Il m’annonce qu’on sera bien ici au calme les 2. Le temps de vider mon sachet de rhum, je lui dis qu’on ne va pas rester là. Je préfère fêter le nouvel an avec sa famille plutôt que seuls dans un maquis paumé. Vers 23h nous sommes de retour en famille, Florent s’endort sur une chaise longue. Je me retrouve à côté du feu, je joue aux cartes avec les enfants. Nous grignotons un hérisson trouvé par les enfants dans l’après midi. Ils auraient pas pu chasser une boîte de foie gras ? Ce n’est pas mauvais, ça a le goût des braises sur lesquelles il a grillé.

 

2011 est arrivé, les balafons et tambours sont sortis et la maman danse. Tout le monde se souhaite la bonne année et continue à discuter avec la radio en fond sonore. Je continue à jouer avec les enfants en buvant le tchapalo (dolo). Tout se calme, le feu crépite toujours. No Woman No Cry entonnée en live par Bob Marley dans la radio, Félicitée endormie dans mes bras, je sirote mon dolo et regarde les étoiles.

 

Bonne année à tous !

 

A suivre…

Publié dans Vie au Burkina

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<br /> Matthieu en boubou, le crâne rasé et la barbe, le guide Michelin dirait:vaut le détour.<br /> Albert Londres (né à Vichy et cela nous dit quelque chose au niveau familial) a laissé son nom à un grand (important) prix décerné chaque année à un journaliste pour un reportage. Tu n’en es pas<br /> encore au stade de recevoir cette distinction, mais tes reportages,interviews etc. sont fort intéressants et très agréables à lire.<br /> Continue ça nous intéresse vraiment.<br /> Continue de nous faire voyager<br /> Continue de nous faire rêver.<br /> Continue tu nous captives.<br /> Bisous Jeanne et Patrice<br /> <br /> <br />
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J
<br /> Dis donc quelles découvertes !<br /> Merci pour ton récit vivant et plein d'humour.<br /> Jean Paul<br /> <br /> <br />
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