Vacances au Mali Part.2

Publié le par dcc-koumique-de-situation.over-blog.com

Les premiers jours de la nouvelle année devaient être consacrés à la découverte du pays dogon ; devant un manque d’argent et de temps évident, je décide de rejoindre un autre séminariste malien, Benoît.

Le 2 janvier, je prends la direction de Ségou, une ville de quelques 120 000 habitants au nord-est de Bamako. Beaucoup moins bruyante mais aussi bien aménagée que Bamako, on s’y plait assez facilement. En plus, c’est la ville natale d’Oxmo Puccino donc elle ne pouvait que me plaire. Benoît me fait visiter la maison que ses parents sont en train de construire pour couler une belle retraite.

Le lendemain, nous prenons déjà la direction d’une autre destination : Koutiala, petite ville au sud de Ségou. Je me contente de suivre Benoît dans les visites de ses amis. A chaque fois, la réception est la même. Les personnes nous proposent de nous asseoir, nous acceptons. De l’eau nous est apportée. Après avoir bu chacun une gorgée, on remet le récipient à la personne. Benoît me présente, je réponds aux questions : « ça va ? » « et au Burkina ça va ? » « et en France ça va ? » « et le voyage ça va ? ». Oui oui ça va, ça va, ça va. Ensuite, on nous propose à manger. Après avoir mangé, le thé nous est proposé dans des petits verres. Durant notre présence à Koutiala, la paroisse nous laisse à disposition une bonne vieille 305 rouge. Nous nous déplaçons à Kouri puis nous revenons sur nos pas pour aller dormir à Karangasso, un petit village perdu dans la brousse. Après de multiples demi-tours, tours et hésitations de Benoît nous y arrivons. Le lendemain nous retournons à Koutiala, nous récupérons un scooter pour une amie à Benoît qui se trouve à Sikasso.

Nous entreprenons donc le jeudi, un voyage de 150 km à 2 sur un scooter avec 4 sacs. Nous roulons depuis 1 heure, tout va bien. PAF. Le pneu éclate. Bon on appelle Renault assistance ? Non j’déconne.

Perdus au beau milieu de la brousse nous entamons une petite marche pour rejoindre le village le plus proche en espérant qu’une personne sera capable de recoller la chambre à air. Au bout d’un bon gros kilomètre nous arrivons à Nègèbougou. De jeunes néo circoncis faisant la quête nous indiquent la direction de la personne habilitée au village pour recoller les chambres à air. Assis sur une planche en bois, je suis attentivement la réparation. Le pneu est enlevé, on retire la chambre à air et recherche le trou. Puis on colle un morceau de caoutchouc avec de la colle, enfin une plaque en fer, chauffée préalablement dans le charbon, est appliquée pour consolider le collage. Après une heure d’arrêt, nous repartons rassurés par une réparation rondement menée.

30 minutes plus tard, PAF. Le pneu a encore éclaté, nous avons plus de chance car nous sommes déjà dans un village Zarandougou. La nuit est déjà tombée. Nous demandons encore un mécanicien. Arrivés chez ce dernier, nous constatons que la réparation précédente n’a pas tenue. Nous décidons de changer la chambre à air. Une heure plus tard nous repartons.

Nous arrivons enfin à Sikasso, ville située au sud près de la frontière burkinabé et ivoirienne. Nous visitons de nombreuses connaissances à Benoît. Nous allons aussi dormir une nuit dans le village où il a effectué son stage de cinquième année, Fantéréla. Avant de retourner à Sikasso, Benoît m’amène regarder la récolte des pois sucrés. Les femmes sont dans les champs en train de racler la terre pour faire de petits monticules. Ensuite, elles tamisent la terre. Pour finir, une fois rentrées au village, elles trieront leur récolte en enlevant méticuleusement chaque petit caillou mélangé aux pois.

 

De retour à Sikasso, Benoît me fait visiter le centre culturel Sénoufo, ethnie présente au Mali, Burkina et Côte d’Ivoire. Nous y rencontrons le père Emilio, espagnol installé à Sikasso depuis 51 ans. Il a consacré ses cinquante et une dernières années à la culture Sénoufo. Il a construit trois centres, un dans chaque pays. Il nous montre ses travaux en cours. Il note consciencieusement dans des petits cahiers les proverbes Sénoufo avec leurs traductions françaises et musicales. Petit exemple de proverbe : « savoir faire vaut mieux que savoir parler ». Il est également en train de concevoir un manuel scolaire pour apprendre le sénoufo.

Après la visite du centre, nous allons dans un foyer pour jeunes filles tenu par des sœurs. Benoît connait quelques unes des internes. Nous voilà donc assis au milieu d’une grosse trentaine de lycéennes qui nous écoutent attentivement. Salut les filles ! Ouais jsuis bibliothécaire, français ! Non, je suis ni séminariste ni prêtre… ouais ouais, je sais c’est fou ! En visitant leur bibliothèque, je décide de rompre mon contrat avec la DCC pour entamer une nouvelle coopération dans cet établissement. Il faut savoir faire des sacrifices des fois… A notre retour dans la salle commune, plus personne ne fait attention à nous. Pedro, jeune carde dynamique mal rasé, vient de dire à Monica qu’il part en Australie. Apparemment, la telenovela « le Roman de la Vie » est beaucoup plus intéressante qu’un séminariste et un bibliothécaire. Rien à foutre, votre bibliothèque elle est trop nulle d’abord…

 

Le dernier jour avant de rentrer au Burkina, nous allons visiter les grottes de Missirikoro. Nous arrivons donc devant de grands rochers, d’une hauteur de 50 mètres, avec un guide trouvé sur la route. Nous entamons la visite. Ces grottes sont un lieu très réputé pour l’Islam malien, quelques marabouts y effectuent des retraites spirituelles et des sacrifices. Le guide nous montre quelques traces de pieds inscrites dans la roche prouvant la présence de marabouts depuis des siècles. Nous nous dirigeons ensuite vers une grotte très étroite nous nous enfonçons, Benoît se stoppe. Il a l’impression d’étouffer, il découvre qu’il est claustrophobe. Il sort et j’essaye de rejoindre le guide qui se faufile aisément dans ce mini-trou. Le temps de bousculer une chauve-souris et me voilà dans l’incapacité d’aller plus loin. Merci le bourlet Schiffmann…

Nous continuons donc la visite un peu plus loin vers la mosquée. En fait, c’est une grotte peu profonde creusée par la nature qui est dirigée vers La Mecque. Juste à côté se trouve une minuscule tente fabriquée par des objets trouvés. Le guide nous apprend qu’un ermite y vit depuis 8 ans. Il est marabout et a un disciple qui vient lui apporter de l’igname en guise de repas 2 fois par semaine. D’après le guide, personne n’a vu son visage depuis 8 ans hormis son disciple. Ce dernier ne l’a vu qu’une seule fois quand il devait le soigner. Parfois certaines personnes viennent le consulter mais ils lui parlent de l’extérieur de la tente.

Nous prenons la direction d’un passage pour gravir les hauts rochers. Cela s’apparente à de l’escalade. Quelques échelles faiblement fixées permettent de passer quelques obstacles insurmontables à mains nues. Après une montée de 10 minutes, nous arrivons au sommet où nous bénéficions d’un panorama grandiose. Au loin, on aperçoit, à l’opposé de Sikasso, d’autres montagnes similaires. La légende raconte qu’il ne faut pas les visiter la même journée que les montagnes de Missirikoro. Nous sommes sur la montagne des bons esprits, les mauvais se trouvent là-bas. D’ailleurs une fumée noire ne cesse de sortir du sommet depuis de nombreuses années. Elle est peut être ravivée par les adeptes de la magie noire qui y vivent.

Nous redescendons tranquillement. Arrivés en bas, nous croisons un grand homme hirsute, débraillé et plutôt maigre. Le guide est stupéfait et reste bloqué quelques secondes. Il nous dit la voix tremblante que nous venons de croiser le fameux ermite. Persuadé d’être en présence d’un scoop interplanétaire je demande au guide pour l’interviewer, il refuse. Désolé, chers lecteurs…

Nous terminons la visite par l’autel aux sacrifices. C’est un gros tas d’ossements, de plumes et de peaux. Les croyants qui veulent demander quelque chose à Dieu viennent lui offrir un ou plusieurs animaux. En retournant vers notre véhicule nous passons devant une mini grotte aménagée. L’homme se trouvant à l’intérieur nous dit poliment bonjour. Le guide nous dit que cette personne vit ici depuis plus de 10 ans. Il était venu à la montagne avec un autre homme pour demander quelque chose à Dieu. L’autre homme a apporté un animal comme il se doit ; lui, il avait oublié. En repartant chez lui, il a commencé à tenir des propos incohérents. Sa famille et ses amis ont dû se rendre à l’évidence, il était devenu fou. En le ramenant aux montagnes, ils ont constaté qu’il retrouvait la raison. Depuis, ce dernier a décidé de vivre ici continuellement plutôt que de vivre dans la civilisation avec sa folie.

 

Lundi 10 janvier, me voilà de retour au Burkina. Je me prends des coups de tête dans la tronche depuis une heure. Je m’explique. Les burkinabés se disent bonjour entre bons amis ou se souhaitent des bonnes choses en s’échangeant des « accolades ».

Un coup de tête sur la droite. Un coup de tête sur la gauche. Un coup de tête sur la droite. Un coup de tête sur la gauche.

Materrazzi avait rien compris. Zizou, le burkinabé, voulait juste lui souhaiter la bonne année…

Publié dans Vie au Burkina

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<br /> Très intéressante cette deuxième partie de ton voyage au Mali.<br /> Les « garagistes » de ce pays n’ont pas le monopole des réparations mal effectuées crois nous.<br /> En ce qui concerne les marabouts, si nous avons bien compris il ne s’agit que de retraite spirituelle et pas de « guérisseur ». Dans le cas contraire, quand on voit ce que font les laboratoires<br /> pour nous soigner, nous nous demandons si les marabouts africains ne sont pas plus efficaces.<br /> Domenech lui non plus n’a pas compris Zizou. D’ailleurs il n’a pas compris aussi tous les autres membres de l’équipe de France de foot.<br /> Bisous et nous attendons d’autres reportages de ta part sur tout sujet.<br /> Jeanne et Patrice<br /> <br /> <br />
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